Faut-il porter Ueli Maurer à la présidence de la Confédération l'année prochaine? Nul doute que d'ici le début du mois de décembre, lorsque les Chambres fédérales devront prendre leur décision, le débat va s'animer dans les médias. Ceux à qui la simple présence de l'UDC au sein du Conseil fédéral donne de l'urticaire ne vont pas manquer d'alimenter la polémique. Comme il est cependant difficile de contester un siège gouvernemental au plus grand parti de Suisse, les opposants à son élection présidentielle doivent trouver d'autres arguments qu'une démangeaison d'épiderme.
A dire vrai, Ueli Maurer leur a facilité la tâche. Ses prestations à la tête du Département de la défense, les récentes affaires qui ont secoué ses services, sa maîtrise hasardeuse du dossier Grippen, ne plaident guère en sa faveur. Mal classé dans les sondages de popularité du Conseil fédéral, il lui est encore plus difficile d'apparaître comme le Phénix du Palais. En son temps, Adolf Ogi avait au moins le mérite de compenser quelques lacunes par une extraordinaire énergie et un indéniable sens du contact populaire.
Tout le monde admet, même au sein de l'UDC, que Ueli Maurer ne travaille pas dans le génie. Faut-il pour autant le priver de la présidence annuelle en 2013? Ma réponse est non. Le moment venu, je voterai pour lui, et pas seulement pour respecter la tradition.
Exclure Ueli Maurer du tournus de la présidence ouvrirait une nouvelle crise politique dans notre pays. Elle aurait des répercussions inévitables sur le travail du gouvernement et du parlement. Elle agiterait l'opinion pendant des mois. Nous présenterions le visage d'un pays empêtré dans ses querelles internes, alors que la Suisse a besoin d'union et de toutes ses énergies pour faire face aux pressions extérieures, qui sont bien là, et aux difficultés économiques, qui s'annoncent. Ce n'est pas quand les Etats-Unis et l'Europe, mis à mal par les fléaux des déficits, de la dette et du chômage, cherchent un bouc émissaire du côté de la Suisse, qu'il faut étaler nos divergences au sommet de l'Etat.
Il y a une autre raison pour refuser d'entrer dans ce jeu de la noce à Thomas. Ce n'est pas quand les conseillers fédéraux sont à la porte de la présidence qu'il faut se poser la question de leurs compétences, mais au moment de leur élection, voire de leur réélection. S'il y a quelque chose à revoir dans la procédure de sélection des candidats au gouvernement, qui doivent plaire à leur groupe parlementaire sans déplaire aux autres, Ueli Maurer n'en est pas responsable. L'élection d'un conseiller fédéral est soumise à de nombreuses règles non écrites, qui ne sont pas immuables. Il serait possible de les modifier pour autant qu'une majorité de parlementaires en décide. Mais s'il vous plaît, avant et non pas après le choix des femmes et des hommes appelés à nous gouverner. Dans le cadre d'une réflexion institutionnelle et non pas sur un cas personnel.
Olivier Feller
Conseiller national libéral-radical
Article publié dans 24 heures le 12 novembre 2012