Ça traîne. Plusieurs propositions ont été déposées au Conseil communal de Lausanne pour lutter contre la mendicité dans les rues, voire pour l'interdire. Depuis plus rien. Pendant ce temps, la mendicité se développe, prend des formes nouvelles, exaspère une partie croissante de la population. C'est avec ce genre de passivité que l'on favorise l'émergence d'initiatives populaires de plus en plus dures dont la classe politique bien pensante feint ensuite de s'étonner.
En 2008, lorsque le Grand Conseil a refusé ma proposition d'interdire la mendicité dans tout le canton, deux arguments ont été avancés. L'interdiction n'est pas applicable, ont dit les uns. Or un article de l'actuelle loi pénale vaudoise - l'article 23 - prévoit que celui qui envoie mendier des personnes mineures est punissable de jours-amende. Personne ne remet en cause cette disposition au motif que les jours-amende ne seraient pas applicables dans cette situation. Alors pourquoi ce qui peut être appliqué à des adultes qui font mendier des mineurs ne pourrait pas l'être s'ils mendient eux-mêmes?
La mendicité est un problème marginal, ont dit les autres. J'ai répondu que le fait d’accepter la mendicité sous le prétexte qu'elle n'était pas trop importante était le meilleur moyen de lui laisser prendre de l'ampleur. Et c'est exactement ce qui se produit sous nos yeux depuis deux ans.
La mendicité n'a aucune raison d'être dans notre société. Nous avons un système social qui permet de venir en aide aux personnes en détresse. La tolérance de la mendicité n’est pas un remède à la pauvreté, mais l’expression d’une impuissance publique, contraire à la dignité humaine.
La mendicité qui se répand dans les rues de Lausanne est d'ailleurs d'une toute autre nature. C'est une mendicité organisée, que le comité directeur du parti socialiste suisse a lui-même proposé à deux reprises, en juin et en septembre 2008, d’interdire… Si jamais, on est déjà en 2010. Ne pourrait-on pas commencer par l'interdire dans la capitale vaudoise? Le parti socialiste lausannois n’en prend pas le chemin, lui qui prévoit dans son programme de législature 2011-2016 de traiter le problème par la "collaboration avec les autorités des pays d’origine des mendiants." Autant dire en ne faisant rien, comme maintenant.
Olivier Feller
Député radical au Grand Conseil
Article publié dans Lausanne Cités le 10 novembre 2010