Depuis l'éclatement de l'affaire CarPostal, le 6 février dernier, la manière dont le pouvoir cherche à gérer l'enquête ne fait qu'ajouter au scandale.
La Poste a d'abord annoncé une enquête sur les années 2007 à 2015, en la confiant à un groupe d'experts «directement subordonné au président du Conseil d‘administration afin de garantir l'indépendance et l'exhaustivité de l'enquête». Quelle belle entourloupe! Voilà que l'organe suprême d'une entreprise suspectée d'irrégularités se charge elle-même de piloter l'enquête... On en serait pourtant resté là sans les pressions de quelques parlementaires et des médias. Car ce n'est que le 8 mars que le président du Conseil d'administration de la Poste, Urs Schwaller, a consenti à se dessaisir de la supervision de l'enquête pour la confier à un collège d'experts indépendants.
Le problème n'est de loin pas réglé pour autant. L'enquête sur les responsabilités pénales dans cette affaire, confiée à l'Office fédéral de la police, est en effet limitée, elle aussi, aux années 2007 à 2015. Or, l'Office fédéral des transports a fait savoir publiquement que des irrégularités auraient aussi été commises par CarPostal entre 2016 et 2018.
Placée devant ces incohérences, Doris Leuthard a sorti une nouvelle enquête de son chapeau. Une «task force» s'occupera des années 2016 et 2017. Dommage pour la transparence et l'impartialité. Cette task force est composée de représentants d'entités de l'administration fédérale dont la responsabilité est peut-être engagée dans le scandale CarPostal.
A ce stade, aucune enquête ne sera donc à la fois exhaustive et indépendante, aucune n'aura une vision d'ensemble sur la période allant de 2007 à 2018. On se retrouve ainsi avec un deuxième scandale sur les bras: celui de la gouvernance.
Olivier Feller
Conseiller national PLR Vaud
Article publié dans Lausanne Cités du 14 mars 2018