Cette fois, c'est l'œuf. L'œuf aux pesticides, à la suite de l'utilisation frauduleuse d'un insecticide, le fipronil, dans des élevages de poules pondeuses aux Pays-Bas, en Belgique, en Allemagne… On peut douter que le fipronil, qui n'est pas bon pour les poux, les tiques et les cafards, soit bon pour l'homme, même si les officines de contrôle s'empressent de nous rassurer sur les doses homéopathiques que nous aurions risqué d'ingérer. Mais comment croire à l'efficacité des contrôles quand le feuilleton de la nourriture avariée, sous toutes ses formes, ne cesse d'alimenter nos assiettes.
Quand le bœuf n'est pas du bœuf mais du cheval (et quel cheval !), quand les poulets prennent des bains de chlore outre-Atlantique, quand la mozzarella est trafiquée par la mafia, etc., ça fait beaucoup. Mais quand l'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires, l'OSAV, nous apprend que près d'un tiers des échantillons prélevés sur les légumes importés d'Asie en 2016 présentaient une teneur trop élevée en pesticides, on ne peut plus éluder l'ampleur des tricheries et les risques qu'elles font courir à notre santé.
Il y va de notre sécurité alimentaire, dans tous les sens du terme, et de la sauvegarde de notre agriculture. Car les deux sont étroitement liées. Elles sont liées puisque l'agriculture suisse contribue à la sécurité de notre approvisionnement, en garantissant une part importante de notre alimentation en cas de crise. Elles sont liées puisqu'il est plus facile, même si tout n'est pas irréprochable chez nous, de contrôler le respect d'une agriculture saine, a fortiori d'une agriculture bio, sur notre territoire qu'à des milliers de kilomètres. Elles sont liées puisqu'une agriculture de proximité offre des produits plus sûrs, tout en limitant la pollution de de la planète et le réchauffement climatique qui frappe à nos portes.
Ces avantages ont cependant un prix. Ils impliquent que notre agriculture puisse survivre. Ce qui n'est pas garanti aujourd'hui. Près de mille exploitations disparaissent chaque année. Le revenu de nombreux paysans, et pas seulement dans le secteur laitier, ne leur permet plus de couvrir les frais d'exploitation. Sous l'effet de la concurrence mondiale, c'est-à-dire de produits importés qui n'ont pas à répondre aux mêmes normes de protection de l'environnement, sans parler des conditions de travail des ouvriers agricoles, les pressions sur les prix sont de plus en plus fortes. Les paysans ne parviennent plus du tout pour les uns, plutôt mal pour les autres, à dégager un revenu correspondant à leur effort de travail.
C'est pourquoi je voterai oui le 24 septembre prochain : pour que la sécurité alimentaire de notre pays soit mieux prise en compte par la politique agricole menée à Berne.
Olivier Feller
Conseiller national PLR Vaud
Article publié dans 24 heures du 24 août 2017